GOKAI et BOUDDHISME

Pour mieux comprendre certains aspects du Reiki et notamment des GOKAI il est judicieux de considérer l’arrière-plan culturel et spirituel dans lequel Usui à évolué. Il est possible de trouver des éléments de réponse dans le Shintoïsme, le Bouddhisme et pourquoi pas le Taoïsme afin de mieux appréhender l’enseignement de Mikao USUI.
Bien entendu ce ne sont que des propositions et des suppositions car nous n’avons à ce jour aucun document attestant de la véracité de ces traditions dans l’enseignement d’origine de Mikao USUI. Pourtant, il est intéressant de constater certaines similitudes dans les traditions mentionnées ci-dessus et de leurs présences au sein du Reiki.
Les GOKAI selon le Bouddhisme tibétain.
Le Bouddhisme recèle de nombreux enseignements permettant de mieux comprendre le fonctionnement de notre esprit et l’impact des émotions sur notre santé mentale et physique. La médecine tibétaine s’articule autour du principe des 5 éléments en tant qu’expression de 5 émotions racines. Il est ainsi possible de faire coïncider les notions présentes dans le tantrisme tibétain et les GOKAI issu du Reiki.
· « Pas de colère » : la colère associée à l’élément de l’eau.
· « Pas de soucis » : l’orgueil associé à l’élément de la terre.
· « De la gratitude » : la jalousie associée à l’élément de l’air.
· « Du dur labeur » : l’ignorance associée à l’élément de l’espace.
· « De la bienveillance » : le désir-attachement associé à l’élément du feu.
Le 5 Bouddhas, divinités ou qualités d'esprit ?
Avant de développer plus en détail la notion des 5 Bouddhas et leurs qualités en lien avec les GOKAI, il me parait judicieux de préciser quelques notions concernant ces êtres, que l’on qualifie parfois de divinités.
Tout d’abord, le terme de « divinités », ne possède pas la même signification que dans notre culture occidentale. Pour le Bouddhisme, les divinités sont des représentations mettant en scène ce qui se passe à l’intérieur de l’être humain (dans son esprit, son intériorité). Pour plus de simplicité il est possible de considérer ces divinités comme des archétypes ou des expressions de nos qualités et ressources.
Pour plus de facilité certains courants contemporains préfèrent utiliser des définitions bien plus adaptées à la pensée occidentale et à aux notions de laïcité. Cette démarche n’a qu’un seul objectif : rendre plus accessible et compréhensible les enseignements issus du Bouddhisme tibétain. C’est d’ailleurs ce que propose certains courants du Reiki Traditionnel, en adoptant le bouddhisme comme arrière-plan spirituel aux enseignements de Mikao Usui. Même s’il est possible de trouver certaines similitudes il est important de ne pas faire d’amalgame en considérant le Bouddhisme comme seul point de référence pour le Reiki.
Revenons donc aux termes issus du Bouddhisme, voici quelques exemples qui pourront s’avérer utile pour faciliter la lecture de cet article :

La pédagogie issue des 5 bouddhas forme un modèle de référence dans le bouddhisme tibétain, au point de développer tout un système de correspondances qui sera utile dans la méditation, les rituels tantriques et la médecine tibétaine. Selon les enseignements proposés il est possible de remarquer des différences dans les correspondances en lien avec les 5 vainqueurs. Par exemple, des divergences peuvent se retrouver dans :
Le tableau des lignées de bouddhas et leurs correspondances avec le corps subtil, le tantra de Kalachakra (p194, Ed les carnets DDB).
Les cinq familles de bouddhas et la médecine tibétaine, médecine tibétaine et thérapie holistique (p38, Ed Guy Trédaniel).
Le chamanisme tibétain (Bôn).
Le symbole du Stupa.
Est-ce une façon de vivre l’impermanence si chère au bouddhisme grâce à la diversité et l’adaptabilité des enseignements ? Je pense que oui. C’est d’ailleurs ce que j’ai vécu en voulant étudier les 5 éléments de la tradition tibétaine. Si riche que cela puisse être, il n’empêche qu’au début je me suis fait des nœuds au cerveau en pensant pouvoir faire tout coïncider.
Quoi qu’il en soit, pour vous éviter une ébullition des neurones, vous trouverez ci-dessous un tableau simplifié pour le besoin de cet article.

GOKAI et émotions racines.
Selon le Bouddhisme, la nature de toutes émotions est de conduire à la souffrance. Si cela peut surprendre voir heurter, il est parfaitement logique d’envisager ce point de vue. Pour qu’elle raison me direz-vous ? Tout simplement parce que les émotions sont des expressions de l’ego. Celui-ci se manifeste par les cinq émotions racines pouvant donner naissance aux 84 000 émotions secondaires. Vous l’aurez sûrement compris, les émotions sont considérées comme perturbatrices dans le Bouddhisme, car elles produisent des états de dissonances ou conflits intérieurs favorisant le mal-être.
Rassurez-vous, si les émotions sont définies comme les expressions d’une dissonance intérieure, elles peuvent être transformées en cinq grandes qualités ou sagesses qui donneront naissance aux 84 000 potentiels ou ressources naturelles (joie, amour, confiance, adaptabilité, courage, écoute, persévérance, serviabilité, paix, fidélité, …).

A présent, nous pouvons observer la corrélation qui peut exister entre les GOKAI, les émotions racines et les qualités en relation avec les cinq sagesses des bouddhas.

Au premier abord, le vocabulaire utilisé peut paraître hermétique et plutôt en décalage avec notre pensée occidentale. C’est pour cette raison, qu’il existe des enseignements basés sur la psychologie élémentale et les cinq bouddhas, ce qui permet d’apporter une pédagogie claire et une mise en pratique concrète pour une transformation intérieure.
Pour illustrer le tableau ci-dessus, je vous propose de développer le GOKAI « pas de soucis » et l’émotion de l’orgueil. Pour ce faire, je vais m’inspirer d’un texte que j’ai eu la chance de découvrir grâce à Corinne BOUTY : étreindre nos émotions et le chemin spirituel – couleurs et éléments dans la psychologie tantrique par Ngak’chang Rinpoché et Khandro Déchen. Durant ses enseignements de Reiki Traditionnel ce texte est une ressource complémentaire permettant d’approfondir la dimension élémentale des émotions.
L’orgueil associé à l’élément de la Terre, se développe grâce au sentiment d’insignifiance qui conduit une personne à se sentir supérieure ou inférieure aux autres. Pour pallier cela, il paraîtra naturel de cultiver la puissance, la richesse et la valorisation de son territoire (sentiment de supériorité) afin d’éclipser tout état de pauvreté ou de médiocrité (sentiment d’infériorité). L’accumulation deviendra le mot d’ordre et le seul sens de sa vie pour remplir son espace intérieur qui lui fait peur (car provenant du sentiment d’insignifiance). Il peut s’agir de pouvoir, de célébrité, de domination ou de richesse. Elle sera soucieuse et anxieuse à l’idée de ne pas y arriver poussant ainsi à développer un état de combativité extrême ou d’apathie pouvant donner lieu à de l’arrogance ou une attitude antisociale. Plus la personne cherchera à accumuler et plus il lui manquera l’essentiel : l’authenticité, la stabilité, permettant de se sentir complète et en sécurité.
La relation avec le second précepte des GOKAI est flagrante. Juste pour aujourd’hui « pas de soucis » est une invitation à trouver le discernement nécessaire pour ne pas prendre comme vérité le sentiment d’insignifiance. Derrière ce précepte nous pouvons entrevoir plusieurs notions :
Pas d’inquiétude.
Pas d’insignifiance.
Pas d’inégalité.
Pas de peur face à l’espace infini.
Pas d’anxiété face à la vie et l’existence.
Pas besoin de combler un vide intérieur par des substituts extérieurs.
…
En intégrant ce précepte dans son quotidien, il est alors possible de développer la qualité ou l’antidote à l’orgueil : l’équanimité. C’est-à-dire un état de confiance et de stabilité intérieur permettant de considérer tous les êtres sur un même pied d’égalité. Nous n’avons plus besoin de nous comparer aux autres, car nous connaissons notre valeur et notre richesse intérieure.